Journal de fin de jeunesse

Premiers jours

Ce que je donnerai pour voir sa voiture garée en bas de chez moi!
Sa voiture dans ma rue. Comme une surprise délicieuse alors que je rentrerai du travail.
Il serait là. Il sortirait du hall de mon immeuble après avoir sonné chez moi sans succès. Et c’est là; au moment où il sortirait de l’immeuble que je tomberai sur lui. Quelques secondes après avoir vu sa voiture.
Il me dirait que c’est bon. Qu’il a changé d’avis. Qu’il a eu peur à un moment donné. Mais que maintenant il est sur. Qu’il est sur qu’il veut être avec moi. Rien qu’avec moi.
Bien sur, je ferai un peu de cinéma. Je ferai la tête. La fille pas dupe. Je lui dirai qu’il ne me pas revenir comme ça. Pas après ce qu’il m’a fait. Je lui dirai qu’il doit me prouver que je peux lui faire confiance… Mais au fond. Au fond, je serai plus qu’heureuse. Je serai toute fondante. Et en pensée. En pensée seulement, je me jetterai dans ses bras.

Mais ça n’arrivera pas n’est-ce pas ?

Alors, mes 4 premiers jours de travail, je les ai fait seule dans ma tête. Seule comme d’habitude. Sans penser à lui. Sans penser à quelqu’un qui m’attend et à qui je pourrai raconter ma journée. Mes journées. Mes premières journées.
Mes premiers jours de travail.
Mardi : j’ai suivi une animatrice du labo en parapharmacie. J’ai appris d’intéressantes techniques de vente.
Mercredi : j’ai suivi une animatrice ET commerciale dans la parapharmacie… du Carré Sénart ! (Dans le 77. Vers là où j’habitais avant. Près de Melun. Dans ce centre commercial, Carré Sénart, où j’avais l’habitude d’aller avec So'. Dans ce centre commercial où j’étais aller une première fois avec ma mère. Et ce jour là on n’avait pas trouvé l’entrée. Alors on avait renoncé.) Avec cette nana, j’ai passé une super journée. Une fille formidable. En plus d’avoir énormément appris avec elle, je me suis sentie valorisée. Compétente. Complémentaire. Essentielle à l’entreprise. Elle m’a dit que j’allais beaucoup plaire à la créatrice de la marque… femme que j’admire complètement. Et elle m’a dit aussi, chose inattendue, qu’elle pensait que Ratatouille allait revenir.
Jeudi : je suis retournée avec la jeune animatrice du premier jour. On a le même âge. Et ce jour là nous avons réalisés des soins dans la cabine de fortune d’une petite pharmacie de quartier. On a eu 15 clientes. Pendant que l’animatrice réalisait les soins du visage, je m’occupais de faire découvrir le gommage et les produits corps sur les mains et les avant-bras des clientes. Sur les 15 clientes, 14 ont achetés à l’issu du soin.... et plusieurs produits à chaque fois.
Vendredi (hier) : j’ai fait mon premier jour à la boutique. J’ai rencontré ma directrice de boutique donc. Et ma collègue esthéticienne. La directrice de formation est venue sur place pour me former. J’avais la tête comme un chou-fleur hier. Trop de choses à savoir. Trop d’informations.
Pendant un moment, je me suis sentie extrêmement mal. Angoissée. Décalée. Pas à ma place. J’ai eu envie de fuir. Très loin. De redevenir moi-même sans la pression du monde de travail. (Qui de toute façon ne me correspond pas). C’était une sensation terrible. De se sentir inappropriée comme ça. En décalage complet. En imposture.
Puis, je me suis calmée. Toute seule. Sans un effort désespéré de ma volonté pour me sentir bien. Je me suis adaptée à la situation. Je me suis sentie mieux. Etrangement. Et dans la conscience que l’être humain est remarquablement adaptable.
Maintenant je vais devoir m’intégrer. Je vais surement passer un bout de temps dans cette boutique. Alors je n’ai pas d’autre choix; que de m’y sentir bien.
C’est comme un défi.
Je pense que je suis assez forte et intelligente pour m’adapter et m’intégrer sans me perdre.

J’aimerai juste que le soir, Ratatouille soit là pour me calmer.
Ratatouille. Ou un autre ?