Journal de fin de jeunesse

Renoncer au travail VS reprendre un travail

Maintenant que j’ai fais le choix de renoncer à mon travail, et surtout depuis deux semaines que je suis réellement confrontée à la situation, je suis en proie aux crises existentielles les plus folles; que ce soient les crises d’angoisse liées à l’absence de revenus ou les crises de colère et de dégoût face à un système autoritaire qui culpabilise et sanctionne les personnes qui font le choix de rejeter une situation qui ne leur convient plus, à savoir l’obéissance (voire le soumission) à la machine économique aliénante et toute puissante. Je suis écoeurée de constater à quel point la société se veut punitive face aux personnes qui choisissent une autre voie que celle de servir aveuglément un état qui les vole et les soumet et les rend dépendants. Je viens de voir au cinéma le film Moi, Daniel Blake, de Ken Loach, qui a fortement confirmé mon impression à défaut de l’avoir influencé, ou contredit...
Apparemment, en tant que démissionnaire, je n’ai pas droit au RSA. Mais c’est terrible ça ! En gros il est fortement conseillé de subir une situation toxique ayant des effets néfastes sur la santé plutôt que de choisir de se défaire d’une telle situation afin de prendre le temps de se reconnecter à soi même pour ne plus jamais revivre ce genre de tourments. Visiblement, c’est le choix d’aller mal à tout prix qui est acceptable ici, du moment que l’on est un bon petit citoyen qui paie ses impôts à l’Etat. En revanche, dés que la situation s’inverse, l’Etat ne veut pas le savoir. L’Etat, lui, ne veut pas payer en retour. Ce n’est pas son problème si la démission a été la conséquence d’un harcèlement moral couplé à une absence totale de perspective. Ce n’est pas son problème à l’Etat si la démission est justement un choix de reconstruction et de réflexion. Un choix dont la finalité est de savoir quelle place on veux vraiment dans cette société et ce qu’on peut lui apporter dans le futur, mais sans plus jamais souffrir comme on a souffert ! (Et merde, même là dans mon journal, face à moi même, je me justifie de ma décision. C’est dire si le pouvoir culpabilisant de la machine sociale a du poids...)
Quand je suis allé sur les forums d’internet pour me renseigner sur le droit au RSA pour les personnes ayant démissionnés, les commentaires des gens m’ont vraiment choqué. "Ben c’est normal que t’ai pas droit au RSA ! On va pas te payer à rien foutre!" "Je te conseille fortement de garder ton CDI. C’est la merde sinon." (Ben non justement connasse, c’est ce CDI qui rend ma vie infernale.) "Vous avez fait le choix de renoncer à un salaire. C’est votre problème." (Non, espèce de bouseux dégénéré et mentalement limité, ce n’est pas à un salaire que j’ai renoncé. C’est à du harcèlement moral. De l’abus de pouvoir. De l’hypocrisie. Du préjudice moral. C’est à des crises d’angoisse. Des cauchemars. Des boules au ventre continuelles sur le chemin du boulot. C’est à ça que j’ai renoncé. Pour recommencer à vivre un peu mieux. Pour ne pas crever comme toi d’un cancer quand j’arriverai à l’âge de la retraite parce-que j’aurai vécu dans l’insatisfaction, le stress omniprésent, la fatigue mentale, l’épuisement moral et le déchirement conjugal!)

Alors j’en suis là.
Les gens hargneux, et envieux en fait, me dépriment.
J’en suis donc arrivé à reconsidérer le fait de retravailler rapidement. Ce qui serait stupide car je ne sais pas encore ce que je veux vraiment. Je n’ai pas encore un projet clair à mettre en oeuvre. Et non ! Je n’ai pas pris le temps pour penser à ça finalement. Coincée entre les moments d’euphorie créatrice de ma nouvelle liberté et les considérations mornes et déprimantes sur le besoin d’argent (vraiment ? Ce n’est pas comme si j’étais seule...) et les microscopiques possibilités d’aident sociales qui s’offrent à moi.
Il faut être qui pour avoir un peu d’aide ? Un peu de considération ? Je n’ose pas répondre.

Bon.
Les arguments en faveur de la reprise du travail sont assez restreints:
- Si je retravaille, j’aurai un salaire. Voilà. On a fait le tour. (Donc je n’aurai plus l’angoisse du manque d’argent.)

Voyons maintenant les arguments en faveur de la non-reprise du travail:
- J’ai le temps de réflechir à ce que je veux vraiment pour la suite.
- Je file jeudi prochain au Salon Une Nouvelle Vie Professionnelle pour m’informer sur les possibilités de formation, de financement de formation et sur comment devenir indépendante!
- Je profite de Pôle Emploi, non pas pour les allocs' mais pour les possibilités de financement de formations
- Je prends le temps de me former justement. Soit en Médecine Traditionnelle Chinoise, soit en Ayurveda. Avant ça, j’ai le temps de me renseigner sur les tenants et les aboutissants de l’une et de l’autre ! Youpi ! Vive les bibliothèques...
- Je prends le temps de définir un projet de vie/professionnel qui me correspond et me comble à 100%. Pour l’instant c’est encore assez flou. Je sais que je veux arrêter définitivement le commercial et me consacrer au Bien-Etre et au thérapeutique. Et surtout à mon rêve : la socio-esthétique.
- Je compte sur Pôle Emploi pour, peut être, financer ma formation de socio-esthéticienne au CODES de Tours ! Je me bats pour ça en ayant un dossier et un projet en bêton ! (Malheureusement, je n’ai pas été retenu cette année pour la formation Esthétique en milieu médical à l’université Pierre et Marie Curie à laquelle j’ai postulé en mai et qui débutait en septembre. Je suis resté sur liste d’attente. Ce qui m’a finalement permis de réaliser un autre rêve : aller au Costa Rica...)
- Je prends le temps d’aller me renseigner dans les hôpitaux alentours sur la possibilité d’offrir mes services en tant que socio-esthéticienne, même bénévolement.
-J’ai du temps pour approfondir des techniques de massages et de bien-être et je peux m’entraîner sur mes amies et Papillon.
- J’écris un livre sur les conditions désastreuses de travail et le manque d’humanité dans l’entreprise privée.
- J’apprends à vivre avec très peu d’argent et donc à revenir à l’essentiel.
-J’ai peut être quand même droit au RSA. Tout n’est pas perdu… (vives les forums!!!)
- J’ai plus de temps pour moi pour m’adonner aux choses que je veux approfondir : l’écriture, la méditation...
- J’ai enfin mes dimanches de libre bordel ! Et les jours fériés sont vraiment fériés!
- J’ai plus de temps avec Papillon ! Et ça ça n’a pas de prix.

Bon, je crois que mon choix est fait…

Je reviendrais sur le sujet très vite pour justement écrire, penser, construire ici mon projet professionnel pour l’avenir.
Je ne veux plus jamais me tromper! Je ne veux plus jamais travailler pour une société. Je ne veux plus jamais vendre. Je veux savoir ce que c’est de travailler en associatif. Mais surtout je veux arriver à travailler en indépendante.