Journal de fin de jeunesse

Un problème ?

(Je viens de lire un article sur ces scientifiques qui travaillent dans leurs laboratoires inutiles à rallonger la vie humaine. L’article parle des avancées qui sont régulièrement faites dans ce domaine et des progrès encourageants auxquels les expériences ont donné lieu… sur des rats et des souris. L’article parle de ces scientifiques qui s’acharnent à vouloir prolonger l’espérance de vie humaine pour qu’un jour, nous puissions vivre plus que bi-centenaire. Et je n’ai qu’une question; Pourquoi ? Pourquoi s’acharner à faire durer encore plus longtemps une espèce inutile et destructrice ? Pourquoi prolonger une vie qui n’amènera qu’encore plus de pollution, de surconsommation, de destruction, de misère et d’inégalité et ce, pour encore plus longtemps ? Qu’on foute la merde durant les 80 et quelques années qu’on est là, c’est déjà bien assez ! Pourquoi essayer de prolonger le calvaire de la Planète encore plus ? Plus longtemps. Plus de temps. Plus de temps pourquoi ? Pour mourir plus doucement. Pour s’éteindre plus subtilement. Pour souffrir et s’éterniser dans l’agonie un peu plus amoureusement.
Pourquoi n’est-on pas capable d’accepter la mort ? Avant de s’attacher à prolonger la vie, il faudrait peut-être déjà travailler à profiter du temps qui nous est imparti. Non ? Quelle absurdité. Quel non-sens profondément humain que de vouloir plus de temps. Comme si l’attente des bonnes choses était un fin en soi. (...)Procrastination. Peur de l’inévitable. Excuse bidon pour remettre au lendemain le devoir de bonheur. Le devoir que l’on a envers la Terre; la respecter et en prendre soin. La remercier tous les jours de pouvoir jouir de ses bienfaits. Au lieu de s’adonner à ce geste si simple, et si humble : remercier la Terre et lui causer le moins de tord possible, nous on demande plus de temps. Plus de temps pour contempler les dégâts irrémédiables qu’on a infligé à la Terre. Plus de temps pour voir s’éteindre les derniers vestiges de la vie sauvage et de la beauté fragile et aurorale qu’on a anéanti. Plus de temps pour profiter d’un monde sous serre, saturé par la pollution, la chimie et l’industrie : tout ce qu’en langage optimiste on appel le Progrès.
Alors voilà, des types cinglés passent leur vie entière à essayer de prolonger celle des générations futures. Et qui en pâti ? De pauvres souris et autres espèces innocentes qui n’ont rien fait pour mériter d’être torturées à ce point là. (Contrairement à nous.)
Pauvre Vie. Pauvre Nature. Déformée comme ça, juste pour assouvir le pitoyable besoin de "progrès" de l’Homme.
Qu’on arrête de progresser bordel ! Qu’on crève une bonne fois pour toutes!)

La parenthèse étant refermée, je constate que ça fait un bon moment que je n’ai pas écrit sur mon journal. Je le regrette. Je déplore ma paresse...
Ecrire plus, c’est vivre plus. Enfin c’est comme ça que je l’imagine. C’est ma façon à moi (et surement à tous ceux qui écrivent) de prolonger la vie. Et ça suffit tellement.
J’ai, jusqu’à il y a peu, pensé que j’avais un problème. Mais j’ai compris que finalement, c’est juste que je sais m’écouter et que je sais ce que je ne veux pas. Et finalement c’est rassurant. Je m’explique : le 14 février dernier, je suis allé danser dans un bar irlandais avec Sev et Fanny. Je m’étais mis en tête de rencontrer quelqu’un. Ras le bol de la solitude. Alors, j’ai rencontré quelqu’un. Preuve troublante qu’il est possible de maîtriser les énergies...
Un beau mec. Très classe et sexy. Le sosie de Romain Duris. Après avoir discuté un peu, on a réalisé qu’on avait pleins de choses en commun. Impression confirmée lors du dîner de dimanche dernier. C’est vrai, en discutant, on a constaté qu’on avait vraiment des valeurs communes et une façon similaire de voire les choses. Ce qui est rassurant. Et devrait aussi être séduisant. Sauf que, malgré tout et malgré le fait qu’il comblait toutes mes attentes, je n’ai pas été séduite. Du tout. Il y avait en lui une part de ridicule (liée à sa trop grande confiance en lui) qui m’a beaucoup déplu. Voire repoussé. Comme dit Grand Corps Malade:"J’aime bien les êtres humains qui n’ont pas trop d’certitudes." Et lui pour le coup, des certitudes, il en avait trop. Ce qui est étrange, c’est que dimanche, plus la soirée avançait et plus quelque-chose en moi, une intuition, me disait "non!" Je n’en ai pas eu conscience tout de suite, qu’il me dégoutait. Mon corps oui, tout de suite. Quand il a tenté de m’embrasser, je l’ai repoussé. Invoquant un prétexte auquel je croyais (c’est trop tôt). Alors qu’en fait, ce n’était que de la révulsion.
Plus tard, il m’a prise dans ses bras, s’est montré hyper tendre et m’a fait part de son désir d’une relation passionnée, sans limites, sans tabou… Encore une fois, j’ai eu un mouvement de recul (répulsion) en prétextant que c’était là des choses qui ne se disaient pas.
Je suis rentrée chez moi très tard. Et, sans la comprendre encore, soulagée d’être seule, sans lui à mes côtés.
Déjà le lundi, je savais que je ne voulais pas de lui. Bien sur, je ne me l’avouais pas. M’avouer ça, c’était reconnaître que j’avais réellement un problème. Après tout, ce mec comblait toutes mes attentes et en plus était beau et intelligent ! Alors, mes amies non plus n’auraient pas compris. Comme moi je ne comprenais pas.
Le mardi je me suis forcé à le revoir. Mais dés l’instant où je me suis retrouvée avec lui dans la voiture, j’ai voulu fuir. Tout en moi fuyait ce type. Aucun désir possible. Nous sommes allés au cinéma. C’était infernal. Il n’arrêtait pas de me prendre la main. De me regarder en douce, langoureusement. Je feignait de somnoler devant le film, pour être tranquille. Pour ne pas avoir à répondre à ses avances, irritantes. C’est terrible de se sentir comme ça : à la fois profondément déçu, frustrée et agacée. Je ne souhaitait qu’une chose; me lever et sortir du cinéma, et rentrer chez moi en courant.
Débarrassée de cet inconfort là. Et aussi; je m’en voulais. Tellement. De ne pas ressentir ce que j’aurai du ressentir...
Le lendemain, il m’a envoyé un texto pour me dire qu’il pensait à moi. Nausée. Je n’ai rien répondu. Incapable de répondre quoi-que ce soit. Le soir, j’ai même fait un malaise, tant mon corps voulait me faire passer un message que mon esprit refusait d’écouter : "A. ! Ce n’est pas parce-que ce garçon a tout pour te plaire que tu dois automatiquement avoir envie d’être avec lui. Parfois, ça ne prends pas. Alors arrête de forcer ton esprit. Ecoute toi!"
Continuant à penser que j’avais un gros problème d’engagement, je lui ai écrit en retour (le lendemain) que je n’avais pas répondu à son message car sur le coup je n’avais pas su quoi répondre. Que je me sentais décalée. Et qu’on pourrait en discuter de vive voix.
En gros je l’ai ménagé. Il m’a dit qu’il comprenait… Et m’a demandé si j’étais libre le vendredi pour un café. Le vendredi je n’étais pas libre mais j’ai suggéré dimanche matin (hier matin donc).
Et là : il a été odieux. M’a envoyé un texto lamentable et frustré dans lequel il affirmait :
-ne pas être convaincu par moi.
-se sentir décalé lui aussi.
-avoir senti chez moi un manque de confiance en moi qui expliquerait mon côté théâtral.
-avoir remarqué qu’en fait, j’agissais et parlais juste de manière à plaire à mon interlocuteur, ce qui justifierait mon côté décalé.
-avoir tenté de se mettre à mon niveau pour essayer de me redonner confiance en moi mais que ça n’a pas marché.

...

Et là j’ai pensé que ce mec était taré et présomptueux et répugnant. "Une horreur" comme m’a dit Steph. Genre, le mec m’a vu deux fois dans sa vie et il se permet de me balancer des trucs ridicules dignes des plus belles analyses de comptoir!
D’ailleurs je le lui ai dit "Merci pour l’analyse de comptoir par texto interposé..."
Comme il ne m’a pas ménagé, je ne l’ai pas ménagé non plus et lui ai avoué, en l’humiliant subtilement, que le décalage qu’il avait senti venait simplement du fait qu’il ne me plaisait pas du tout...
Il a quand même trouvé le moyen de répondre à ça. S’enfonçant encore plus dans les méandres de la médiocrité du mec blessé qui veut prendre les devants car il a compris qu’il va se faire jeter comme une merde. A ce que je lui ai dit, il a répondu : "Aucun soucis, très bien...". J’ai eu envie de lui demander ce qu’il y avait de très bien, ma répugnance pour lui peut-être ? Mais je me suis retenue.

Enfin voilà, encore une fois, je dois faire face à une déception démoralisante. Et je réalise une fois de plus que les mecs manquent de dignité. Même ceux qui se targuent d’élégance. Quelle tristesse. Quelle médiocrité. Incapables d’accepter dignement le rejet d’une femme. Et moi, ça réveille mon côté méchant et blessant qui veut prouver à l’autre qu’il est en dessous de tout. Mais comme je ne m’autorise pas à laisser parler ce côté de moi, ça me frustre.

Bref.

Heureusement, face à toute cette médiocrité, il y a la littérature. On est heureux quand on lit. Plus que quand on vit parfois… J’ai acheté pas mal de livres l’autre jour. Dont deux de Delphine de Vigan. Une diariste qui écrit ici m’a vraiment donné envie de lire cette auteure…

Bon, je vais écrire plus et m’adonner aux projets que j’ai. Plutôt que de ressasser mes échecs sentimentaux. Là je file, je passe la soirée chez So'.