Journal de fin de jeunesse

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août 2012

La bouche bée

Je suis aphone. çA a commencé doucement, dimanche après-midi. (Dimanche après-midi alors que j'étais avec lui dans le cimetière.); La gorge qui me grattait. Et je toussais sans savoir pourquoi. Le stress, je me suis dis. La timidité aussi peut-être. Puis. Mardi, mon timbre de voix a commencé à changer. À s'enrouer. À se rompre. Comme du verre brisé. Ce n'était pas pour me déplaire. J'aime le cachet que ça me donne. Le côté mystérieux et sensuel d'une Gitane. Et, sûrement, j'ai empiré les choses et criant et en riant toute la soirée comme une folle avec Margaux. À la (...)

les Stones

Mmmmmhhh, commencer la journée avec les Stones! (En pensant à lui bien sur.) Aller je décolle! (...)

Belle comme...

Il vient de m' écrire que je suis belle. Il vient de m'écrire que je suis belle. Il vient de m'écrire. Par texto. Que je suis belle. Belle, il a dit. Comme une danseuse. Un danseuse de flamenco. (Il est en train de faire sa sélection de mes photos.) Il est en train de se plonger dans mon visage. Et dans mon corps. Dans mon regard. Et dans les plus intimes imperfections qui dépassent de mes vêtements. Et: dans les moindres déséquilibres de mon visage et de mes yeux. Et de tout. Il est en train de faire ça. Sauf que je n'y suis pas. Moi je suis là. Dans l'attente d'une sorte de (...)

Chavela Vargas

Je viens d'apprendre la mort de Chavela Vargas. C'est bizarre. Car je pensais à sa mort il y a peu. Je me bourre la gueule en écoutant et ré-écoutant Paloma Negra... (En pensant à J. le photographe...) (...)

Frôler la mort, et renaître

J'ai failli mourir hier soir. Pour de vrai. J'ai failli y passer. "Pas maintenant, pas comme ça", j'ai pensé. Une minute de plus, à étouffer comme ça, et je succombais. Mourir étouffée, ma plus grande frayeur. Ce que j'ai pu avoir peur. La terreur pure. J'en parlerais demain. Je suis heureuse d'être en vie. Je pourrais être froide, glacée dans le frigo d'une morgue à l'heure qu'il est. Comme ça, pour rien. Avec mon père en route pour venir me reconnaître. Pour venir constater la mort de sa fille la plus jeune. Mort, lui aussi. Parti pour de bon avec cet ultime drame. Ce drame (...)

Une photo de moi... vivante

Cette fameuse photo de moi. Celle de l'éclat de rire après l'araignée. Celle où, je trouve, il s'est passé "quelque-chose". Celle qu'il a prise de moi. (Elle est cachée quelque-part...) Il m'a figé très vite. Dans cet instant de l'après. Dans l'instant qui a tout changé. Pour moi. L'instant du changement. L'instant de la métamorphose. Celui de la chute. Et l'instant d'après, déjà, je succombais. Un peu. (...)

J'ai rêvé

J'ai rêvé que j'avais la peau douce. Et que je n'avais personne pour la caresser. Plusieurs fois dans la nuit, je me suis réveillée. Et j'ai réalisé ça. Que j'avais la peau douce. Et que je n'avais personne pour la caresser. Et que je n'avais pas ses mains à lui pour la caresser. Il me tarde d'avoir ses mains sur moi. Si, peut-être, ça doit arriver. (...)

Le voisin, le retour (Et un début de nouvelle)

J'avais envie d'écrire. Mais en rentrant j'ai entendu que mon voisin était de retour. Et je n'ai plus envie. Il me coupe toute envie. Le son de sa télé comme des milliers de cafards grouillants qui envahissent mes murs. J'ai été bien pendant plus d'un mois! Bercée presque continuellement par une sensation de paix. Par une quiétude tiède. Par un horizon sans accrocs. Sans la menace d'une pluie amer. Et c'est terminé. Il est là. Le cauchemar reprend là où il s'était arrêté. Et; je constate que mon bien-être éphémère est aussi fragile que de la cendre. J'ai été bien. Il (...)

Et depuis elle ne pense qu'à lui...

Et depuis elle ne pense qu'à lui. Sous le regard des autres. Et depuis elle ne pense qu'à lui. Et dans son coeur le manque se vautre. (Et s'enfuir avec lui éperdument) (...)

Gazpacho

Recette (Par moi, Anne L.) - Une tranche de pain sans gluten, sèche -Deux cuillères à soupe d'huile d'olive -Une cuillère à soupe de tofu soyeux -Deux tomates et demi -Une demi poivron -Un demi concombre -Une pincée de piment de cayenne -Une cuillère à café de persillade Donc, j'ai broyé la tranche de pain (préalablement trempée dans l'huile d'olive) au moulin. J'ai mixé ledit pain avec le tofu soyeux, les tomates coupées en petits morceaux, le concombre coupé, lui aussi, en petits morceaux et le poivron coupé en encore plus petits morceaux. Non sans oublier l'huile d'olive, (...)

La corde sensible

Me voilà revenue de l'exposition. Elle ne s'est pas moqué de moi. Enfin je crois. Les photos m'ont plu. La démarche du photographe. Sa sensibilité. Son implication, très forte. Intense. Palpable comme le bois, et la pierre et le charbon et la sueur. Et les larmes refoulées. Tout ça, ça m'a plu. Mais ça m'a touché plus que ça ne m'a parlé. (Parenthèse: écrire est un tel bonheur.) Touchée oui. Saisie, non. Juste, ce n'est pas ce qui me parle à moi. Mais c'est un très joli travail. Le somptueux compte-rendu d'une époque qui est brisée. Et des gens qu'on a brisé avec. Et du (...)

Dis, quand reviendras-tu ?

Elle est drôle ma Fanny. Hier je lui raconte la scène du cimetière. Celle de la toile d'araignée et du rire entendu (de J.). Et elle réagit. En ces termes: "Mais c'est dingue, on dirait un film d'Arte!" çA m'a tué. De rire autant. En ce moment au boulot on se fait chier comme des rates mortes. Et moi je m'ennuie ferme. Presque un an que j'y suis maintenant. çA y'est, j'ai fais le tour. Plus qu'un an... Demain je déjeûne avec papa. Il monte sur Paris pour des rendez-vous. Je suis contente. Aujourd'hui, c'est le 24 août. Aujourd'hui ça fait 4 ans que maman est morte. Et (...)

Je pense à toi

Devant le miroir. Je me déshabille et je pense à toi. Et comme je me trouve belle, jm'e dis que que j'aimerais bien que tu m'regardes. Que tu me regardes, ce serait déjà pas si mal. Puis, je pense à J. Je me dis que je ne l'aime plus. Sure que je ne l'aime plus. Et puis j'imagine: Je suis au Mexique, à Mexico. Et je croise son père. Il est ému de me voir. Et je le suis encore plus. Je sais qu'il m'a beaucoup aimé. Et je lui dis:" Hola Nacho! Soy yo, Anne. La ex-novia de J. Me reconoces ?" Et puis je rajoute, et les larmes sont là, traîtresses. Je rajoute: "Pues dile que hola. Que (...)